Période
XIVe siècle, XVe siècle, 2e moitié XIXe siècle
Patrimoine classé
"Ancien couvent : classement par liste de 1840 ; Aile XIXe siècle, y compris la cage d'escalier monumentale, du Musée des Augustins (cad. AB 178) : inscription par arrêté du 1er octobre 1990 ; Le musée des Augustins, en totalité, à l’exception des parties classées, ainsi que délimité en rouge sur le plan annexé à l’arrêté, ainsi que le sol des parcelles d’assiette, situés 21 rue de Metz, figurant au cadastre section 819 AB 178 et 302 : inscription par arrêté du 15 janvier 2018 ; En totalité, l'ensemble des bâtiments composants le musée des Augustins avec le sol des parcelles d'assiettes n°302 et n°178, de la section 819 AB, tels que délimités et hachurés en rouge sur le plan annexé à l’arrêté : classement par arrêté du 23 avril 2018."
Origine et histoire du Couvent des Augustins
Le couvent des Augustins de Toulouse, fondé à la fin du XIIIe siècle et d’abord implanté hors les murs près de la porte Matabiau, s’installe à l’intérieur de la cité après l’autorisation donnée par le pape Clément V en 1310. Les travaux, conduits notamment par l’architecte Jean de Lobres, donnent naissance à une église de style gothique méridional avec un chevet composé de chapelles ouvrant sur une grande nef unique. Le cloître est entamé vers 1341 et sa construction reprend puis s’achève sous la direction du pierrier Jean Maurin, qui a probablement repris le chantier de son oncle Jacques Maurin. La chapelle Notre‑Dame‑de‑Pitié, à l’est du grand cloître, fut enrichie grâce aux libéralités de Louis Ier d’Anjou. Un incendie en 1463 détruit une grande partie des toitures ; les réparations, menées à partir de 1495 par les maçons Martin Pujol et Pierre d’Arroye, aboutissent à une nouvelle consécration en 1504. À partir du XVIe siècle le couvent connaît un lent déclin : l’effectif des religieux chute sensiblement aux XVIe et XVIIe siècles et des événements tels que le pillage de la bibliothèque en 1542 et la foudre qui endommage le clocher en 1550 pèsent sur ses ressources. Lors des troubles religieux du XVIe siècle certaines communautés épousent la Réforme et des chapitres sont transférés, tandis que la maison des pénitents noirs passe ultérieurement aux Jésuites. Déclaré bien national en 1789, le couvent est désaffecté à la suppression des ordres ; une partie des bâtiments, dont le grand réfectoire, est vendue en 1793 et transformée en écurie. Par décision départementale fin 1793 est créé le « Muséum du Midi de la République » qui, après le choix de l’église des Augustins comme lieu d’accueil, ouvre au public le 27 août 1795. Au XIXe siècle l’adaptation des lieux au musée entraîne des aménagements importants : de 1823 à 1830 l’aile est et l’église sont remaniées pour créer des salles d’exposition et la nef est transformée en « Temple des arts ». Le grand réfectoire, propriété privée, n’étant pas protégé, est rasé en 1868 pour permettre le percement de la rue Alsace‑Lorraine. À partir des années 1870 Viollet‑le‑Duc élabore des projets d’agrandissement du musée ; après sa mort en 1879 Denis Darcy reprend et conduit les travaux, alignant la façade ouest sur la rue d’Alsace‑Lorraine et agrandissant le pavillon du grand escalier. Les chantiers s’étendent de 1880 à 1893 pour l’aile ouest, inaugurée en 1896, et se poursuivent pour le pavillon sud dont les plans datent de 1893 et dont l’exécution a lieu entre 1900 et 1904. L’aile dite « Darcy » se caractérise par la massivité de ses murs de brique rythmés par de grands arcs en plein cintre et un décor de pierre, reflétant un éclectisme — néo‑roman, néo‑gothique, néo‑Renaissance — propre aux dernières décennies du XIXe siècle ; les salles d’étage bénéficient de verrières pour un éclairage naturel adapté aux collections. Le XIXe siècle voit par ailleurs la disparition de bâtiments à l’est du couvent, dont subsistent des traces de chapelles sur la façade de la rue des Arts. À partir de 1948 une importante campagne de restauration est engagée sous la direction d’architectes en chef comme Stym‑Popper, puis Yves Boiret, aboutissant au début des années 1980 à un réaménagement global, à la construction de l’actuelle entrée du musée ornée du portail des Pénitents noirs et à la disparition de la chapelle associée dans les années 1960. Les parties médiévales du couvent et le cloître figurent sur la première liste des monuments historiques en 1840, et l’escalier Darcy fait l’objet d’une inscription en 1990. Aujourd’hui l’ensemble, qui abrite le musée d’art de Toulouse, témoigne des évolutions architecturales et fonctionnelles du site du Moyen Âge au XXe siècle.